
Depuis 70 ans (1954), la Fédération des œuvres laïques de Nouvelle-Calédonie (FOL NC) milite au cœur du pays pour « faire société, faire culture » et épouse l’histoire politique, sociale, culturelle et économique du territoire calédonien.
La FOL NC – fondée sur l’engagement citoyen (bénévolat), l’éducation populaire, la laïcité – a contribué à bâtir une société plus équitable et plus proche du « vivre ensemble ». A plus d’un titre, la FOL NC est une composante du patrimoine immatériel de la Nouvelle-Calédonie.
Au travers de ces témoignages, nous racontons « la grande Histoire » parmi les histoires de chacun, les souvenirs et anecdotes, afin de constituer une mémoire vivante de la FOL.
>>> Voici le témoignage de Michel ISMAEL, stagiaire BAFA à la FOL NC :
« Une de mes tantines, qui était coordinatrice handicap, m’a proposé de découvrir le monde de l’animation. J’ai commencé à la FOL en tant que référent auprès des enfants en situation handicap en 2018. Ça m’a tout de suite plu. À côté, je suis auxiliaire de vie au collège de Tuband. Ce qui m’intéresse, c’est de partager mon savoir avec les jeunes, de transmettre notre culture. Je suis guitariste, alors à chaque fois qu’on commence un centre, on crée une petite chanson ou on apprend un chant en langue. Les petits aiment bien parce que ça les pousse à aller chercher le sens des mots. Je trouve ça super de leur apprendre ce que je sais. Un souvenir que je n’ai jamais oublié, c’était en colonie à Poé. Les enfants n’arrêtaient pas de me demander de rechanter un chant. Parfois, certains réclament après moi, se renseignent pour savoir si je serais au prochain camp. Quand je leur réponds non, ils disent : « c’est dommage, j’aurais aimé être avec toi parce qu’on apprend des choses ». Ça fait vraiment plaisir.
À la FOL, j’apprécie le fait qu’il y ait un esprit d’équipe, le respect des cultures. J’ai beaucoup appris. Je suis bien entouré, des anciens viennent me voir et me conseillent. Le fait qu’ils soient là me donne confiance car je sais que je peux compter sur eux. Je ne suis pas quelqu’un qui va facilement vers les autres, mais la FOL m’a fait évoluer et m’a aidé à m’ouvrir. J’ai l’impression d’être utile, de servir à quelque chose. Ce sont les valeurs de la FOL, faire communauté, essayer de vivre ensemble malgré les différences.
Quand je travaille avec des enfants en situation, j’essaie de me mettre à leur place et d’adapter l’activité pour qu’ils puissent en profiter. Jouer avec tout le monde, c’est le plus important, c’est ce que je retiens. Je trouve qu’être animateur, ce n’est pas seulement animer, c’est aussi partager et recevoir. Les enfants m’apprennent des choses et je pense qu’ils s’intéressent parce que leurs idées sont prises en compte. On éduque aussi, on apporte des valeurs, on montre comment se comporter. Et puis, on s’instruit auprès de ses collègues, on grandit grâce à leur soutien, leur expérience.
Je ne me vois pas arrêter la FOL. À chaque fois que je reste à la maison, il y a toujours cette envie d’aller voir les enfants, de faire des choses avec eux. Ça me manque quand je n’y vais pas. Des fois, j’en croise qui me disent : ” on a hâte d’être en colonie. Je réponds : moi aussi ! (rires) “. »
©Anne-Claire Pophillat (photo et interview)