
Depuis 70 ans (1954), la Fédération des œuvres laïques de Nouvelle-Calédonie (FOL NC) milite au cœur du pays pour « faire société, faire culture » et épouse l’histoire politique, sociale, culturelle et économique du territoire calédonien.
La FOL NC – fondée sur l’engagement citoyen (bénévolat), l’éducation populaire, la laïcité – a contribué à bâtir une société plus équitable et plus proche du « vivre ensemble ». A plus d’un titre, la FOL NC est une composante du patrimoine immatériel de la Nouvelle-Calédonie.
Au travers de ces témoignages, nous racontons « la grande Histoire » parmi les histoires de chacun, les souvenirs et anecdotes, afin de constituer une mémoire vivante de la FOL.
>>> Voici le témoignage de Norbert LUTA, formateur à la FOL NC :
« Quand j’étais jeune, dans les années 1970, ça ne me plaisait pas de voir les enfants livrés à eux-mêmes là où j’habitais, sur la côte Est, les mercredis après-midi, les week-ends et les vacances. Un jour, je suis allé voir le chef de centre de la SLN et je lui ai demandé de pouvoir utiliser des locaux vides pour des activités manuelles, des chants, des jeux… afin d’occuper les enfants pour qu’ils ne traînent pas dans les rues. Ensuite, j’ai rejoint les scouts. Au début des années 1980, j’ai été muté à Nouméa en tant que surveillant de l’internat du lycée Petro-Attiti. J’ai dû passer le Bafa en 1985 pour être titularisé. J’étais alors à l’Acaf, que j’ai quittée en 2014 parce que le fonctionnement ne me convenait plus, et je suis arrivé à la FOL un peu par hasard, il manquait un directeur pour encadrer un centre.
En tant que formateur, j’apprécie accompagner les équipes, partager avec elles, les valoriser, répondre à leurs questions et leurs attentes en m’appuyant sur mon expérience. J’aime transmettre, et c’est très enrichissant. Je fais passer aux jeunes générations mes connaissances, ce que j’ai reçu en héritage. Je fais tout pour ce que cela perdure avec les plus jeunes. Ce qui me porte, c’est de donner aux autres, je veux être utile. Ces valeurs, je les transmets aussi à ma famille. Sur six enfants, quatre ont le Bafa. A la FOL, quand on s’occupe des animateurs, on le fait de la même manière qu’avec nos enfants, avec respect, humilité. Il faut être passionné par ce que l’on fait et accorder de l’importance au bien-être des autres bénévoles, qu’ils se sentent acceptés, pris en considération afin que chacun trouve sa place. C’est avec ce regard bienveillant que les encadrants regardent les bénévoles. On leur fait comprendre qu’on est une famille.
La FOL, c’est aussi le seul organisme où on considère le public en situation de handicap. C’est vraiment la première chose que l’on défend. Le principe est d’inclure tout le monde, de ne laisser personne sur le côté. Un enfant en situation de handicap a autant de droits qu’un autre, il n’est pas différent. C’est parce qu’on ne le regarde pas comme on le devrait qu’il y a des exclusions. C’est un de mes combats. Les autres valeurs sont celles de partage, d’appartenance, la qualité relationnelle et la formation.
La FOL est riche d’une longue histoire, d’un passé. On a vécu et fait des choses, et il faut que les animateurs de 2024 soient conscients de ce qu’elle est devenue et de tout ce qui a été accompli depuis 70 ans. Je suis tombé dans la marmite de l’animation à 19 ans et je n’en suis jamais ressorti. J’ai vu l’évolution et je pense qu’il faut garder cette mémoire. Même s’il y a enfin une loi de pays pour les animateurs – c’est une première marche très importante -, le statut d’animateur n’est pas encore très reconnu ni valorisé, il reste encore beaucoup à faire. Pourtant, ce sont eux qui s’occupent de nos enfants. »
©Anne-Claire Pophillat (photo et interview)