Depuis 70 ans (1954), la Fédération des œuvres laïques de Nouvelle-Calédonie (FOL NC) milite au cœur du pays pour « faire société, faire culture » et épouse l’histoire politique, sociale, culturelle et économique du territoire calédonien.
La FOL NC – fondée sur l’engagement citoyen (bénévolat), l’éducation populaire, la laïcité – a contribué à bâtir une société plus équitable et plus proche du « vivre ensemble ». A plus d’un titre, la FOL NC est une composante du patrimoine immatériel de la Nouvelle-Calédonie.
Au travers de ces témoignages, nous racontons « la grande Histoire » parmi les histoires de chacun, les souvenirs et anecdotes, afin de constituer une mémoire vivante de la FOL.
>>> Voici le témoignage de Pélé FENUAFANOTE, personnel de service à la FOL NC :
« J’ai été femme de ménage pendant trente ans, je suis tombée malade et j’ai dû arrêter. J’ai intégré la Fédération pour l’accompagnement et le soutien de l’enfance, qui recherchait des bénévoles dans mon quartier à Kaméré pour faire l’étude du soir. C’est lors d’un camp de la FASE que j’ai rencontré Élisa, qui était à la FOL. J’ai tout de suite adoré la façon de faire, dans la bienveillance. On apprend vraiment à vivre ensemble. J’ai commencé comme femme de service dans un centre au début des années 2010, puis j’ai passé le Bafa en 2018. Au début, je n’osais pas, je me disais que ce n’était pas pour moi, je n’étais pas sûre d’y arriver. Puis, j’ai pris davantage confiance en moi. Aujourd’hui, je ne suis plus animatrice parce que je suis malade, mais je sers les repas à la cantine, je donne la main en fonction des besoins. Ma fille aussi est à la FOL, elle est directrice de centre en plus d’être auxiliaire de vie.
J’ai beaucoup travaillé avec les enfants en situation de handicap. On apprend beaucoup avec eux. Notamment le fait qu’il faut du temps, parfois, pour se faire accepter. C’est ce qui s’est passé avec Melvin, à Poé. Elle m’a fait courir pendant plusieurs jours. Et puis un matin, elle m’a regardée en souriant. Je ne comprenais pas au début. En fait, elle était simplement en train de m’apprivoiser. Cela m’a vexée, mais m’a appris l’humilité. J’ai réalisé qu’il fallait être patiente, observer et faire preuve de beaucoup d’empathie. Cette histoire m’a vraiment marquée. La FOL est le seul centre à accueillir tous les publics, valides et non valides. C’est bien parce que cela fait se côtoyer tout le monde. C’est très enrichissant pour nous.
Je suis arrivée avec mon caractère un peu « j’ai tout vu, je sais tout », et je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout le cas (rires). Quand un jeune animateur te dit : « tu pourrais lever le doigt avant de prendre la parole », ça te calme (rires). Il y a pas mal de mamies et ça les recadre aussi, parce qu’elles ont des fois un caractère un peu dur, elles croient que tout est permis.
Je suis très attachée à la FOL. Certaines personnes sont devenues des amies. On peut être là pour un collègue quand ça ne va pas, il y a de l’entraide entre nous. C’est une famille. Et puis, cela fait partie de mon identité. Si je ne le fais plus, j’ai l’impression de perdre quelque chose, c’est comme un vide. Alors quand ça me manque trop, j’appelle pour voir si je peux travailler un peu. La FOL nous enseigne à partager, à donner de son temps pour la communauté, c’est un engagement. »
©Anne-Claire Pophillat (photo et interview)